Si un jour d’automne vous êtes déçus par une piètre production au tennis sur un des quatre courts que met à votre disposition la Ligue de Paris au beau milieu du Luco (ce magnifique jardin créé au 17e siècle par Marie de Médicis), je vous suggère de le quitter par la rue Guynemer et de vous engouffrer, non pas dans le corridor de Vasari (passage qu’empruntaient jadis à Florence les Médicis et qui reliait la Galerie des Offices au Palazzo Pitti en passant sur le Ponte Vecchio) mais dans la rue de Fleurus et de vous arrêter d’abord devant le haut porche de bois du numéro 16.
Votre imagination débordante vous fera là remonter“ un escalier orné de tapis“ et pénétrer dans“ un intérieur japonais“ où l’incorrigible docteur Raymond Pasquier (Chronique des Pasquier, œuvre monumentale de Georges Duhamel) retrouvait à la fin des années 1880 dans ce pandémonium sa maitresse Solange Meesemacker en dépit des efforts vains de son troisième fils Laurent, le narrateur et personnage central de la chronique, pour l’en dissuader !
Mais si vous préférez des amours plus légitimes, traversez donc la rue jusqu’au numéro 27 et recueillez- vous quelques instants devant l’immeuble où vécut Gertrude Stein et sa fidèle et effacée compagne Alice Toklas, quartier général pendant l’entre-deux-guerres de nombreux peintres (Picasso, Matisse Braque etc…) et écrivains expatriés (Scott Fitzgerald, Hemingway ) pour lesquels la poétesse américaine féministe forgea l’expression “Génération perdue“ !
Après ces efforts louables je vous aurais bien conseillé d’aller déguster au numéro 18 quelques succulents chocolats aux fragrances délicatement dosées, chez un des quarante immortels de l’Académie Française du Chocolat : Christian Constant mais la boutique a hélas sans m’avertir définitivement disparu !
Comme quoi votre prestation au tennis ne méritait pas mieux !